Descriptif :
Les compétences émotionnelles désignent la capacité à identifier, comprendre, exprimer, utiliser ses émotions et celles d’autrui. Elles jouent donc un rôle essentiel dans la santé mentale et physique, mais aussi dans la performance au travail et dans les relations sociales.
Premier ouvrage à offrir une synthèse didactique des principaux travaux scientifiques sur le sujet, ce livre détaille avec précision les axes suivants :
- fonctions et bases neurologiques ;
- ·historique et définition des compétences émotionnelles :
- ·identification, écoute et expression des émotions ;
- régulation des émotions positives et négatives ;
- utilisation des émotions.
1. Ce que j’ai retenu
Les recherches menées à la fin du XX e siècle ont en effet mis en évidence que les émotions remplissent un ensemble de fonctions indispensables à l’adaptation de l’être humain à son environnement. Les émotions facilitent ainsi la détection du danger, préparent l’organisme à faire face à une série de situations, accélèrent et orientent les processus de prise de décision, guident les interactions sociales et améliorent la mémoire des événements importants.
Tout processus suffisamment répété finit par s’automatiser, même s’il est extrêmement complexe
2. Les extraits de mes notes
Ce qui détermine l’adaptation, ce ne sont pas tant les émotions, mais ce que l’individu en fait (ou n’en fait pas). Les individus capables d’identifier leurs émotions, d’en extraire la valeur informative, de les réguler si elles sont inadaptées au contexte optimiseront leur adaptation à l’environnement tandis que les autres l’hypothéqueront.
Gardner, qui propose en 1983 d’adjoindre à l’intelligence classique (QI) une intelligence « personnelle » à deux versants : l’intelligence intra personnelle et l’intelligence inter personnelle. Il définit la première comme étant « la connaissance introspective de soi : le sentiment d’être vivant, l’expérience de ses émotions, la capacité à les différencier puis à les nommer, à en tirer les ressources pour comprendre et orienter son comportement » et la seconde comme « la capacité à repérer ce qui distingue les individus, et en particulier les différences d’humeur, de tempérament, de motivation et d’intention. L’intelligence interpersonnelle permet de déceler les projets et désirs de l’autre, même s’ils sont dissimulés »
Ces compétences se déclinent sur trois niveaux : connaissances, habiletés et dispositions. Ces trois niveaux de compétence interagissent entre eux mais ne sont que modérément corrélés. Ainsi, les connaissances ne se traduisent pas toujours en habilités, lesquelles ne sont pas toujours utilisées au quotidien.
Les émotions sont des états relativement brefs (de quelques secondes à quelques minutes) provoqués par un stimulus ou par une situation spécifique (ex. je suis heureuse parce je vais me marier). Elles s’expriment tant au niveau physiologique, que comportemental et subjectif.
Les humeurs, en revanche, persistent longtemps (quelques heures à quelques jours) et sont d’intensité faible à modérée (impression diffuse, tendance à demeurer à l’arrière-plan de la conscience). Elles sont déclenchées par un élément qui n’est pas nécessairement identifiable (ex. je me sens d’humeur joyeuse en général) et elles n’ont pas de corrélat comportemental ou physiologique saillant. Il a parfois été avancé que les émotions seraient plus complexes et comporteraient davantage de catégories que les humeurs.
Si nous tentons de supprimer l’émotion, nous allons éliminer le message véhiculé par celle-ci, mais cette négation ne changera rien à la situation
Une émotion négative est un signal d’alarme indiquant qu’il y a un problème et qu’une action doit être initiée pour le résoudre. Refouler ses émotions est dangereux parce que cela conduit à se priver du message qu’elles véhiculent
De manière générale, le moyen le plus sûr d’identifier l’émotion de notre interlocuteur est d’observer son langage non verbal.
Selon Mehrabian, il y aurait essentiellement trois éléments dans la communication : les mots, la voix et le langage du corps. Dans une conversation, 7 % du message serait transmis par les mots, 38 % du message serait transmis par le paralangage qui se réfère à la dimension vocale mais non verbale de la parole (ex. intonation de la voix, vitesse de débit, pauses) et 55 % par le langage corporel (ex. expressions faciales, gestes, postures).
Le message non verbal peut avoir six fonctions : il remplace, répète, complète, accentue, contredit ou régule le message verbal
Les gestes seraient un mode primitif de représentation cognitive.
Le silence peut être positif dans certaines situations et négatif dans d’autres. Il faut adapter son silence aux situations.
Notre humeur influence considérablement nos pensées, nos jugements et nos comportements interpersonnels
Les individus ayant tendance à éviter de manifester leurs émotions vivent et expriment moins d’émotions positives et font état de plus d’expériences émotionnellement négatives
Une recherche a montré que les parents qui exprimaient leurs émotions de manière plus élaborée avaient des enfants qui géraient mieux leurs propres affects
Une description objective se base uniquement sur les faits, sur ce qui est concrètement observable, sur des dates et des objets précis.
En effet, lorsque nous utilisons le « tu », nous attaquons directement la personne et non son comportement indésirable. Séparer la personne du problème est un gage de communication plus efficace
En disant à l’autre que « ça va aller », on nie la gravité du problème et, ce faisant, l’émotion correspondante
Trois compétences de base : (1) la capacité à accueillir nos émotions, (2) la capacité à reconnaître nos besoins et (3) la capacité à agir pour satisfaire nos besoins.
Différencier le déclencheur de l’émotion du besoin insatisfait aide à comprendre ce qui motive nos états affectifs.
Quand nous ressentons une émotion désagréable, nous nous focalisons souvent sur l’événement déclencheur sans travailler au niveau du besoin. Nous devrions pourtant procéder de manière opposée. En effet, la focalisation sur le déclencheur amplifiera l’émotion, tandis que la recherche et la compréhension du besoin à l’origine de celle-ci la diminueront.
Les individus qui éprouvent le plus de difficultés à gérer leurs émotions sont ceux qui ont à la fois une réactivité émotionnelle élevée et des capacités de régulation faibles. Diminuer sa réactivité par rapport aux situations émotionnelles est possible mais au prix d’un travail important
Les études indiquent que nous ne faisons qu’un usage limité de nos prédictions. Ainsi, au lieu de choisir les situations qui maximisent les émotions positives (ou minimisent les émotions négatives), nous avons tendance à choisir les situations qui rapportent le plus à court terme (impulsivité), qui sont en accord avec nos règles de décision, ou encore dont les critères de décisions nous semblent les plus objectifs.
Certaines situations déclenchent des émotions négatives à court terme mais ont un bénéfice c’est-à-dire contribuent à la présence d’émotions positives – à long terme.
Le désir d’être rationnel. La plupart des individus essayent de prendre les décisions les plus rationnelles possibles. Paradoxalement, ce désir de rationalité peut amener à prendre des décisions… irrationnelles.
Un moyen efficace de réguler son émotion consistera donc à briser cette spirale et à la faire repartir dans l’autre sens. Comment ? En orientant son attention sur autre chose, c’est-à-dire en se distrayant (Gross, 2007). Il existe deux grandes formes de distraction (McKay, Wood et Brantley, 2007) :
Une manière de réconcilier ces points de vue est de prendre en compte la nature du problème et son rapport à l’individu.
La conséquence est évidente : changer notre perception permet de changer notre émotion (Ochsner et Gross, 2005). Il existe différentes manières de modifier notre perception de la situation. Les deux plus communes sont la réévaluation de la situation et l’acceptation.
Selon Burns, nous serions beaucoup plus heureux si nous faisions systématiquement la chasse à nos distorsions cognitives.
Relativiser consiste à examiner si l’on ne donne pas trop d’importance à la situation et/ou à comparer la situation actuelle à des situations bien pires
Si la recherche des aspects positifs se révèle infructueuse dans le présent, une manière fonctionnelle de penser est de s’abstenir de juger de la valeur de l’événement. Plutôt que de le catégoriser comme totalement négatif, mieux vaut lui laisser le bénéfice du doute
Accepter ne signifie pas adhérer à ce qui s’est passé, ou se rendre complice. Il s’agit simplement de cesser de se battre dans le vide, d’arrêter de se blâmer ou de blâmer autrui/la vie pour quelque chose que l’on ne peut pas/plus changer. Il est à noter que l’acceptation ne s’apparente en rien à de l’impuissance acquise, laquelle est une acceptation fataliste, désespérée, et conduisant à l’adoption d’une attitude passive lors d’événements négatifs ultérieurs (Seligman, 1972). L’acceptation dont on parle ici est un processus actif. Il s’agit en effet d’accueillir totalement l’événement douloureux et les émotions qu’il provoque, mais en gardant à l’esprit que, si douloureux soit-il, l’événement présent ne présage en rien du futur (Linehan, 1993).
Il est à noter que, pour être efficaces en situation de stress, les techniques de relaxation doivent avoir été pratiquées et automatisées en situation de repos. En effet, ce n’est qu’après un entraînement suffisant qu’elles deviennent efficaces.
Les émotions positives favorisent la créativité, motivent les individus à s’engager dans des activités qui améliorent leurs compétences personnelles, aident à se remettre plus rapidement des émotions négatives et renforcent les liens sociaux.
De plus, contrairement à l’expression populaire « imbécile heureux », les recherches montrent que les personnes heureuses sont en fait plus flexibles, plus inventives, plus ingénieuses et plus productives au travail.
Il existe quatre grands moyens de profiter au mieux de nos émotions positives : l’expression physique de l’émotion, le fait d’« être présent », le voyage mental dans le temps et le partage social
C’est la différence subtile entre savourer et vivre une expérience de flow : savourer implique de faire un pas de côté hors de l’expérience (« que les roses sentent bon ! »), alors que le flow implique une complète immersion dans l’expérience
Il faut beaucoup d’efforts pour apprendre à apprécier ces choses à nouveau et arrêter de les considérer comme acquises
L’influence des émotions sur la perception du risque et la prise de décision ne se limite pas à l’humeur en général. Les émotions spécifiques (joie, peur, colère, etc.) ont chacune un effet particulier.
L’humeur influence aussi nos choix et, comme pour les jugements, ceux-ci tendent à être congruents avec notre état émotionnel.
Nous venons de voir qu’être d’humeur négative pouvait faciliter le rappel d’informations encodées dans un état maussade. Ainsi, si nous étions déprimé(e) le jour où nous avons étudié notre examen de philo, mieux vaut nous remettre dans le même état d’humeur le jour de l’examen. Nous améliorerons ainsi la qualité de notre performance.
Outre le cas de la congruence d’humeur encodage-rappel, il semble que l’humeur négative protège contre un certain nombre de distorsions lors du rappel.
Les individus d’humeur maussade trouvent peut-être plus facilement les failles du raisonnement de l’autre et construisent sans doute leur argumentation à partir d’une analyse plus systématique de la question.
Utiliser ses émotions implique de choisir, parmi les tâches que nous devons faire, celles qui peuvent être optimisées par notre humeur du moment. Supposons que nous ayons plusieurs tâches à réaliser à l’approche des fêtes, par exemple décorer le sapin et la maison pour le réveillon, faire notre comptabilité et rédiger une lettre condoléances pour un(e) ami(e) qui a perdu un proche. Les recherches présentées ci-dessus suggèrent que nous devrions privilégier la décoration de la maison si nous sommes de bonne humeur et réserver la comptabilité et la lettre de condoléances pour un moment où nous serons moins gais. L’humeur négative nous permettra d’être plus systématique et consciencieux dans l’établissement de nos comptes ou d’être plus en phase avec l’état émotionnel de notre ami(e) endeuillé(e) et de trouver ainsi les mots justes.
Lorsque des décisions importantes doivent être prises, il importe d’analyser la source de l’émotion. Si celle-ci est causée par la personne ou la situation en question, alors elle constitue une source d’information précieuse. En revanche, si l’émotion préexistait avant la décision à prendre ou le jugement à poser, elle risque de biaiser indûment notre jugement. Fort heureusement, les études ont montré qu’identifier son humeur et la source de celle-ci suffit à faire disparaître les biais dans bon nombre de cas
Ainsi, il apparaît que notre capacité à changer est en partie déterminée biologiquement. Des décennies de recherche en génétique comportementale montrent que notre caractère et nos comportements sont profondément déterminés par notre bagage génétique. On estime ainsi globalement que 40 % de notre personnalité est déterminée à la naissance par nos gènes (Hansenne, 2007).
D’une manière générale, Suh, Diener et Fujita (1996) estiment que seuls les événements positifs ou négatifs récents ( i.e. survenus moins de trois mois auparavant) affectent notre bien-être.
Les résultats sont unanimes : le cerveau humain est conçu pour apprendre sans cesse. Il apparaît donc qu’à force d’entraînement, nous pouvons véritablement transformer notre cerveau.
3. Points importants
Les compétences émotionnelles désignent la capacité – mise en pratique – à identifier, à comprendre, à exprimer, à gérer et à utiliser ses émotions et celles d’autrui. Elles jouent un rôle essentiel dans la santé mentale, la santé physique, la performance au travail et les relations sociales.
L’affect est un terme plus général reprenant à la fois les émotions et les humeurs.
L’émotion crée une tendance en faveur d’un certain type de comportement, l’instinct impose un certain type de comportement. Au contraire de l’instinct, l’émotion permet une accommodation particulièrement flexible à l’environnement, et ce via un découplage du stimulus et du comportement
4. Comment je la pratique
Quels que soient l’objectif et la situation, c’est leur signification pour l’individu qui donne lieu à l’émotion. Si la personne, la situation, ou ce que cette situation signifie pour la personne change, l’émotion changera également (ou disparaîtra).
Les croyances fondamentales sont des croyances de base qui aident l’humain à fonctionner et à donner sens au chaos.
Il n’existe cependant pas UNE SEULE recette miracle.
Chacun d’entre nous a des besoins, des intérêts, des valeurs, des ressources et des affinités personnelles qui lui sont propres. Ainsi, une stratégie de régulation ou une technique de communication bénéfique pour une personne peut se révéler inefficace voire contre-productive pour une autre.
La notion d’adéquation personne-activité apparaît comme évidente et relativement intuitive quand il s’agit de perdre du poids ou de se débarrasser d’une addiction. Mystérieusement, cette notion n’est presque jamais prise en considération dans le domaine du développement personnel.
En fait, l’unique « secret » pour augmenter durablement ses compétences émotionnelles, c’est d’établir quels exercices et quels conseils sont faits pour nous. Il s’agit de sélectionner les activités qui collent le mieux avec notre personnalité afin de rester motivés dans nos efforts de changement.
5. Comment j’ai pu l’intégrer dans ma philosophie de vie
Chaque être humain perçoit le monde différemment : la grille de référence avec laquelle il donne du sens à son univers d’aujourd’hui se construit à travers l’ensemble de ses expériences passées.
Le questionnement reflète souvent une curiosité personnelle, plutôt qu’une attention centrée sur l’autre. L’interrogation est une phase importante de l’entretien mais une réflexion sur le choix et la pertinence de chaque question doit guider le processus. Bien utilisée, la démarche vise à obtenir uniquement des éléments nécessaires à la compréhension et reste en rapport avec le vécu et la vision du monde de l’interlocuteur.
Le choix du terme « accueil » et non « acceptation » vise à souligner le processus actif et conscient d’attention et d’ouverture.
Conclusion :
« Nous déterminons d’abord nos habitudes et puis nos habitudes nous déterminent. »
Charles C. Noble
« Le plus petit changement effectué au sein d’un système rigide entraîne une réaction en chaîne qui finit par modifier le système tout entier ».
Paul Watzlawick
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